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II


L’ancienne caserne du Pollet, c’étaient deux corps de logis rectangulaires, se faisant face, étiquetés : Bâtiment A, Bâtiment B ; des carcasses branlantes, léchées de crasse, criblées d’évents, suspendant des menaces d’éboulement sur le sommeil des soldats, par les soirs de tempête.

À l’intérieur, le délabrement empirait. Dans le plancher qu’on renonçait à jointoyer, des trous s’élargissaient ; sous les crachats du blanchiment, les crevasses se révélaient, comme des rides sous la poudre de riz ; et les avaries du faîtage transformaient les godets en éviers où l’eau stagnait, avant de stiller son infection au cœur des maçonneries, à travers les gargouilles des charpentes écartelées.

Quand le bataillon rentrait, ouvrant les portes à coups de crosses, défonçant les marches à coups de souliers, faisant trembler les vitres à coups de gueule, la vieille caserne oscillait.

C’était son dernier hiver. Vis-à-vis d’elle, sur la hauteur, une construction blanche s’élevait, dont essuierait les murs le détachement qui viendrait relever le bataillon du 167e. Celui-ci se gaudissait du contre-temps, la nouvelle caserne étant éloignée de Dieppe, tandis que les débris de l’ancienne s’enclavaient dans le Pollet et n’étaient séparés de la ville que par les bassins.

Des fenêtres du bâtiment A, occupé par trois compagnies, on apercevait dans la Retenue, dont l’eau bat-