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SOUS-OFFS

hommes descendant au lavabo prolongeaient le fracas des portes.

— Décidément, c’est la même chose, affirma Favières.

Tétrelle discutait, entêté d’amélioration.

— Je t’assure, le café est plus fort, plus sucré…

Mais l’autre secouait la tête : « Une lessive de vieux chapeau ! »

Un caporal s’était approché d’eux. On causa.

— À l’inspection de neuf heures, vous allez être présentés à Court-Bouillon…

— Court-Bouillon, poursuivit l’ancien, c’est le commandant Mauvezin, un chic type ! On barde, je ne dis pas ; mais la revue du dimanche est supprimée et les permissions de tous ceux qui n’ont pas été punis pendant la semaine sont accordées… Les officiers de la compagnie ?… Y a le père Vimeux, le capitaine, un brave homme, pas soldat ; le lieutenant, une rosse, Schnetzer, remplit les fonctions d’adjudant-major ; le sous-lieutenant, c’est Ducloselle, un Parisien… gentil. Le chef s’appelle Montsarrat, pas méchant, mais épateur. Ah ! je ne vous souhaiterais pas Petitmangin, celui de la 3e, qui fait travailler ses scribes jusqu’à minuit.

Autour d’eux, les hommes astiquaient, faisaient les lits, brandissaient des galettes de paille qu’une large ouverture entaillait. Comme c’était jour de repos, on fignolait, on rapiéçait le linge, en prélevant sur la boule de son d’épaisses semelles, pour le régal d’une illusoire trempette dans l’eau claire.

À neuf heures, le sergent de semaine traversa les chambres.

« Les hommes arrivés hier… en bas ! »

Quand ils furent dans la cour, le lieutenant Schnetzer, fonctionnaire adjudant-major, les voulut sur un rang, puis les examina successivement, à la loupe.

C’était un Alsacien carré de partout, un vigilant pandour dont la silhouette totale, pourvue de bras en anses et de jambes en tronc, ne se pouvait mieux comparer qu’aux demoiselles des paveurs.

Il vérifia les deux tours de la cravate, le port des bretelles, l’ordonnance des cheveux, fit ouvrir les livrets