Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/98

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
76
MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Il préfère qu’elle pleure seule désormais. Et quand elle fera celle découverte affreuse, l’explication de sa disgrâce jaillira d’un cœur poignardé :

J’aimais trop… Quel dommage !

En attendant — c’est le mot — elle est enceinte. De retour à Paris en avril 1808, éclairée sur les conséquences de son entraînement vers la fin de l’année suivante, elle met au monde un fils, Marie-Eugène, le 24 juin 1810. Père inconnu.

Encore une fois, la révélation de M. Rivière n’en est pas une à proprement parler, puisque Mme Valmore, dans ses Élégies publiées en 1819 et alors qu’elle était mariée depuis deux ans, pleure son enfant mort. Elle dit même exactement à quel âge il mourut : cinq ans. C’est dans la pièce intitulée : la Douleur.

Et si pendant cinq ans cet objet adorable
De mes jours languissants ranima le flambeau ;
Si sa beauté, si sa grâce ineffable
Est aujourd’hui la proie et l’orgueil du tombeau,
Laisse-moi respirer, désespoir d’une mère !

Le coup l’a frappée sans qu’elle en eût le pressentiment.

Ô Dieu ! Quand de mon fils sonna l’heure suprême,
Un doute affreux ne m’a pas fait frémir.
Non, cet être charmant au sein de la mort même,
N’a fait que s’endormir.