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LA JEUNE FILLE

L’heure vole, cependant. Il est minuit…

Et près de toi je suis encore assise.

. . . . . . . . . . . . . . .


Hélas ! tu veux en vain me cacher ta tristesse,
Tout ce qui manque à ta tendresse.
Ne manque-t-il pas à mes vœux ?
Écoute la raison, va-t’en,… Laisse ma main…

Une autre fois, lorsqu’il sera parti et qu’elle se verra, corps en peine, au milieu de sa petite chambre, elle murmurera ces vers (et j’entends encore Georges Rodenbach les réciter avec ferveur au Grenier de Goncourt, peu de mois avant l’adieu de l’un et de l’autre à la vie) :

Ma demeure est haute
Donnant sur les cieux,
La lune en est l’hôte
Pâle et sérieux.

En bas que l’on sonne,
Qu’importe, aujourd’hui ?
Ce n’est plus personne
Quand ce n’est pas lui !

Vis-à-vis la mienne
Une chaise attend,
Elle fut la sienne,
La noire, un instant.

D’un ruban signée
Cette chaise est là.
Toute résignée
Comme me voilà !