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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

dans le Prisonnier, de Delhi Maria, elle a exactement dix-huit ans et demi.

À l’Opéra-Comique, son succès ne fut pas moins vif qu’au Théâtre des Arts. Le Journal de Paris disait bien « que sa voix n’avait pas une grande étendue, que le timbre en était un peu voilé… » ; mais Marceline, dans une lettre de rectification adressée au même journal, un mois auparavant, n’avait-elle pas émoussé le reproche en déclarant qu’elle était engagée aux Italiens « pour y jouer les rôles qui exigent le moins de chant ».

La suite du compte rendu dans le Journal de Paris est à citer pour le portrait qu’on y trouve de Marceline.


Elle est d’une faible complexion et les traits de sa figure manquent de régularité ; mais sa physionomie douce et mélancolique inspire d’abord de l’intérêt. Cette jeune personne paraît d’ailleurs sentir tout ce qu’elle dit. Sa diction est pure, ses inflexions sont justes et variées ; ses gestes ont de l’aisance et de la simplicité ; en un mot, elle a tout ce qu’il faut pour devenir actrice.


Tout… sauf le feu sacré, qu’elle n’eut jamais.

Moins de trois mois après, le 12 mars 1805, et lorsqu’elle avait encore paru, pour ses seconds débuts, dans la Jeune Prude, de Dalayrac, Marceline créa une comédie en un acte mêlée de chants, Julie ou le pot de fleurs, de Fay et Spontini, pour la musique, et, pour les paroles, de