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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Mme Valmore, qui garda toujours un si amer souvenir de Lyon et de Rouen, n’assombrissait pas Bordeaux du même ressentiment. Il y paraît dans son Élégie intitulée : Le retour à Bordeaux :

Salut ! rivage aimé de ma timide enfance
Où, de ma vie en fleur, le songe a commencé !…

Il faut aller, toutefois, jusqu’à la fin de la pièce, pour découvrir la raison profonde qu’avait le poète d’épargner Bordeaux.

Mon cœur inoccupé, trop jeune pour l’amour,
Sentit en l’écoutant qu’il aimerait un jour.
Un bel enfant dès lors troubla ma rêverie ;
Je le baisai, distraite et ce baiser fut doux.
J’en entretins longtemps ma mémoire attendrie ;
Il me l’a bien rendu, car il est mon époux.

Cet enfant de la balle, moins âgé qu’elle de sept ans, était, en effet, celui qui devait l’épouser plus tard.

De Bordeaux et au gré des directeurs avec lesquels avait affaire la fileuse de lin, muée en mère d’actrice, où Marceline porta-t-elle encore ses petites mines et ses travestis ? La note dit : à Pau et à Bayonne, et une lettre de Mme Valmore à son mari confirme et complète l’indication.


Je me sens toujours attirée avec toi vers Pau, Toulouse, ou Tarbes, ou Bagnères…, parce que je t’ai beaucoup aimé dans ton passé et que j’aurais bien voulu le confondre avec le mien qui a erré aussi par là.