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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

« Je l’avais bien voulu, écrit celle-ci, mais je n’eus plus de gaieté après ce sacrifice. J’adorais mon pore comme le bon Dieu même. Les rues, les villes, les ports de mer où il n’était pas me causaient de l’épouvante ; et je me serrais contre les vêtements de ma mère comme dans mon seul asile. »

Un fait incontestable, c’est que Mme Valmore n’aimait pas à s’étendre sur cette période de son existence. On ne peut l’explorer qu’à la lueur d’une note rédigée de mémoire, après sa mort, par son mari ; ou bien, à l’aide de quelques bouts d’allumettes qui traînent dans sa prose et ses vers et s’enflamment, d’ailleurs, mal.

Autant elle est prodigue des souvenirs de son jeune âge, autant elle devient réservée à partir du moment où elle se met en chemin avec sa mère.

Nous ne sommes même pas exactement fixés sur la date de cet événement. 1797, disent MM. Corne et Rivière ; 1799, dit M. Pougin, probablement mieux informé.

Mais la piété filiale, si elle explique la discrétion de Marceline, prouve bien, en revanche, que celle-ci se rend compte des « imprudences » de sa mère et la soulage, par le silence, d’une part de responsabilité trop lourde dans les vicissitudes que va subir toute la famille. Quoi qu’il en soit, l’hirondelle prenant sa volée vers la Guadeloupe, lit d’abord un crochet en passant par… Lille ! Qu’allait-elle chercher à Lille ? Les conseils et