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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

mois, le gouvernement de la France. Comme Arras, comme toute la région terrorisée par Joseph Le Bon, Douai se rassure. Le nom du sombre conventionnel n’est plus qu’un épouvantail dont on menace les enfants auxquels les loups, les houlans, ou ces follets qu’on appelle en Flandre lumerottes, ne font plus peur. Les populations, comme au sortir d’un cauchemar, retournent à leurs habitudes, à leurs travaux, à leurs plaisirs. Elles recommencent à célébrer les fêtes immémoriales inscrites au calendrier ; et le jour des Rois est la première que relèvent certaines familles, peut-être pour exprimer, sous le couvert de la parodie, leur attachement à l’ancien ordre de choses et l’espoir qu’il va revenir.

On trouve, dans l’Atelier d’un peintre, le récit tragi-comique de cette goguette burlesque. Mme Valmore s’est même rajeunie de cinq ans pour y jouer un rôle. Elle nous montre « sous les parures graves de sa grand’mère, » le plus jeune enfant du logis, « un personnage de cinq ans, blond et rouge comme une grenade, » monté sur une table et agitant dans l’urne les noms du roi, de la reine et de fous les grands dignitaires, y compris le bouffon de cour.

Or, en assignant à cette fête la date précise du 6 janvier 1796, Mme Valmore rectifie elle-même son erreur et donne son âge exact : dix ans.

Entre tous ses ouvrages en prose, l’Atelier d’un peintre est précieux et les biographes ont eu bien tort de ne pas le consulter davantage. Outre que