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L’ENFANT

On fit une assemblée dans la maison. Ma mère pleura beaucoup. Mon père était indécis et nous embrassait. Il sortit dans une horrible anxiété et fit quelques pas dans le cimetière… Enfin, on refusa la succession et nous restâmes dans une misère qui s’accrut de mois en mois…

Est-ce exact ? L’existence des deux oncles a été contestée ; mais Marceline est bien affirmative et donne des détails circonstanciés… Et alors, on se demande si l’extrême misère n’aurait pas contraint Félix Desbordes à se rendre en Hollande pour fléchir les deux vieux calvinistes qu’il ne connaissait pas.

Cette explication offre un double avantage : elle ajoute foi au récit de Mme Valmore et ne détruit la légende qu’après l’avoir admise. Car l’aveu qui coûtait le plus à Marceline, n’était-ce pas que sa famille eût été mystifiée, comme le furent si souvent, en matière d’héritage, des parents éloignés, malheureux et crédules ?

Quoi qu’il en soit et la tourmente révolutionnaire passée, c’est sans doute pendant une absence de son frère que Constant Desbordes, avant de retourner à Paris, recommençait à peindre clandestinement « une enseigne, un saint, dans quelque chapelle qu’on relevait sans en avertir les autorités municipales qui fermaient les yeux, comme elles voulaient être sourdes à l’Angélus et à la messe ».

À cette époque aussi doit se rapporter une anecdote que Mme Valmore a mise, en vers dans la