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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

de bronze ou de plumes pour ne pas être pur terre, au milieu d’un duel si violent… Sois sûre qu’il y a un duel entre l’hiver et l’été : nous sommes sous leurs épées. Moi, je ne vis plus qu’à genoux.

Du soleil, qui lui donnait la fièvre, elle disait encore :

La chaleur, c’est Dieu !… L’Amérique et l’Italie n’ont pas brûlé mon sang comme cet été… J’entends des palpitations dans l’air…

Ou bien :

Nous avons tous été malades sous l’influence des Équinoxes. Je te répète cela de l’entendre dire, car tu sais que je ne suis guère plus savante que les arbres qui se penchent et se relèvent sans savoir pourquoi.

Enfin, est-ce que le poète qui a signé ces vers :

Les pigeons sans lien sous leur robe de soie.
Mollement envolés de maison en maison…
Les arbres, hors des murs penchant leurs têtes vertes,
Jusqu’au fond des jardins les demeures ouvertes,
Le rire de l’été sonnant de toutes parts…
— Les rumeurs du jardin disent qu’il va pleuvoir.
Tout tressaille averti de la prochaine ondée…
— Là-bas, les ramiers blancs flottaient à longues voiles…
— Laissez pleuvoir, ô cœurs solitaires et doux !
— Au colombier fermé nul pigeon ne roucoule
Sous le cygne endormi, l’eau du lac bleu s’écoule…
— Le papillon tardif que la fraîcheur attire,
Baise dans vos cheveux les lilas effeuillés…
— Ce ruisseau paraît calme et pourtant il soupire,
On ne sait trop s’il fuit, s’il cherche, s’il attend,
Mais il est malheureux, puisque mon cœur l’entend !