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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Six ans auparavant, après un dernier séjour à Londres dans la famille du docteur Curie, Ondine était entrée comme sous-maîtresse chez Mme Bascans, qui tenait un pensionnat à Chaillot, en face de Sainte-Périne. Elle gagnait 500 francs par an. M. Bascans, ancien rédacteur au National, et sa femme, donnaient des réunions de famille (on dirait aujourd’hui des Thés), auxquelles Sainte-Beuve venait souvent.

Il écrivait plus tard à Marceline :

C’étaient mes bonnes journées que celles où je m’acheminais vers Chaillot, à trois heures, et où je la trouvais souriante, studieuse, prudente et gracieusement confiante. Nous prenions quelque livre latin qu’elle devinait encore mieux qu’elle ne le comprenait, et elle arrivait comme l’abeille à saisir aussitôt le miel dans le buisson. Elle me rendait cela par quelque poésie anglaise, par quelque pièce légèrement puritaine de William Cowper, qu’elle me traduisait, ou mieux, par quelque pièce d’elle-même et de son pieux album qu’elle me permettait de lire.


N’était-ce pas plutôt Sainte-Beuve, alors, qui « saisissait le miel dans le buisson » ? Sa provision faite, il partit et alla butiner ailleurs.

À la pension de Chaillot, on rencontrait aussi un ami de M. Bascans, Armand Marrast, qui, devenu maire de Paris en 1848, fit nommer Ondine dame inspectrice des institutions de demoiselles du département de la Seine.