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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

C’est une résignée, autrement dit l’éternelle vaincue.

En attendant, elle n’a pas le moindre argent et s’en console en pensant qu’ils ont traversé l’hiver sans manquer de feu… Il y a deux ans, l’ancien soldat que l’on connaît assez maintenant pour suspecter la sincérité de sa conversion, a échangé quelques prières et quelques messes contre des douceurs dont il ne peut endurer la privation. Et comme il en gémit, sa sœur de lui dire :

À quoi te servirait de rentrer avec conviction et foi dans notre religion, si ce n’est pas pour supporter le présent en homme de bonne volonté ?


En 1849, il s’efforce encore de l’édifier par un zèle pieux ; il réussit facilement à la faire pleurer, mais le prix de ses larmes est doublé par ces paroles de vérité :

Nous avons été bien malheureux… Cela rachète-t-il quelques fautes assez amères déjà par elles-mêmes ? Demande-le, cher soldat blessé, à ton confesseur, en me mettant aussi à ses genoux. Moi, je ne me confesse qu’à Dieu et je n’entre aux églises que quand elles sont désertes.


Conseils qui ne la dispensent pas, d’ailleurs, de lui envoyer, dès qu’elle peut le faire, de quoi, par exemple, fêter le retour de Gayant, afin qu’il n’entende jamais les cloches natales, ce jour-là, « d’un cœur triste et déserté par l’amitié ».