se faisait tuer pour nous. Non, tu n’as rien vu de plus beau, de plus simple et de plus grand !
Mais je suis trop écrasée d’admiration et de larmes pour te rien décrire. Ce peuple adorable m’aurait tuée en se trompant, que je lui aurais dit : Je vous bénis !… À sa grandeur naturelle, que tu sais, le peuple pur joint aujourd’hui un sentiment de modération et une fière sobriété qui le rend pour se battre, et après, le premier peuple du monde, le peuple de Dieu ! Quel respect pour un tel vainqueur ! Quelle religieuse joie de devoir la liberté à une si noble création !… Le fils de Cécile s’est battu pour nous sauver.
Mais Février, c’est une belle journée au lendemain tragique : Juin. Le soleil s’abat comme un glaive armant un bras invisible. Où donc Marceline a-t-elle respiré, dans l’air brûlant, cette odeur de poudre, de sang et de défaite ? À Lyon encore. Elle reconnaît l’étal, les bouchers, la viande ; elle évalue les pertes : « Il y en a bien pour cinquante ans de larmes ! »
Et elle ajoutera :
J’ai vu ceux de Lyon, je vois ceux de Paris et je pleure sur ceux du monde entier !
Elle se sent atteinte dans sa souche originelle :
Nous sommes du peuple, par le malheur et la bonne foi, mon cher frère, souffrons comme lui. Il vient encore d’être trompé, c’est un éblouissement généreux, un souvenir de gloire, une croyance mal placée. Mais la Providence sera un jour touchée de l’excès de nos misères et de la grandeur de notre soumission.