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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

gestes qu’il a appris, mais que dirait et que ferait, dans les mêmes circonstances, un homme démoralisé, qui ne serait pas comédien. L’infortune est assez grande pour qu’on ne la chicane pas sur ses moyens d’expression ; sinon, il faut être équitable et rapporter également au pli professionnel l’horreur de Valmore pour les dettes, sa dignité ombrageuse et le vertige qu’éprouvent ses cinquante-trois ans au bord d’un abîme.

C’est à son retour à Paris surtout que l’existence de Marceline paraphrase un de ses vers douloureux comme la préoccupation qu’il révèle :

Si je pouvais trouver un éternel sourire !

Sourire d’antichambre pour les valets, sourire d’audience pour le maître, sourire pour solliciter, sourire pour dissimuler, en rentrant, l’échec d’une tentative, l’affront d’un refus, l’anxiété d’un ajournement.

La correspondance publiée par M. Rivière n’est pas complète, loin de là. Il a fallu, pour éviter les répétitions, la monotonie, l’alléger des confidences lamentables : échéances menaçantes, démarches pour le renouvellement des billets à ordre, obsession des dettes criardes et qui crient ! Et, d’autre part, combien de lettres relatives à des emprunts ont été délicatement distraites des liasses communiquées !

Scrupule que je regrette, d’ailleurs, car la détresse des pauvres ne fait que la honte des riches implorés en vain.