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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Le médaillon lui-même n’était plus ressemblant. D’avoir contemplé l’église restaurée, le jardin d’agrément à la place de l’étroit cimetière et du calvaire en fleurs, elle s’écriait :

Tristesse ! après longtemps revenir isolée,
Rapporter de sa vie un compte douloureux,
La renouer malade à quelque mausolée,
Chercher un cœur à soi sous la croix violée,
Et ne plus oser dire : « Il est là ! » c’est affreux !

Nous verrons que son dernier séjour à Douai, en 1840, fut plus désenchanteur encore. Du « doux chaume enlierré » de son jeune âge, ne demeurait-il rien ? On le croirait. Sans doute, c’est assez, pour qu’une maison nous devienne méconnaissable ou même indifférente, qu’elle soit habitée par d’autres après nous. Il en est des maisons comme des vêtements qui prennent notre pli et le perdent lorsqu’un nouveau possesseur les ajuste à sa taille.

Néanmoins, le silence de Mme Valmore étonne.

Trois maisons au moins de la rue de Valenciennes sont historiées de la petite niche dont ses parents, aux fêtes religieuses, faisaient un reposoir. Laquelle de ces maisons est le berceau de Marceline ? Celle que désigne une plaque commémorative ? Je n’en suis pas sûr et la municipalité n’en est pas sûre non plus…

Mais qu’est-ce que cela fait, après tout ! L’important est qu’on puisse dire avec certitude : c’était un point dans ce petit espace !