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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Quiconque l’avait offensée en était pour sa peine.

Qu’ils soient tranquilles. D’abord leur haine doit être satisfaite par la grandeur de mon infortune ; peu de chose y manque. Mais je n’ai rien contre eux. Je remercie Dieu de leur bien-être parce que je le lui ai demandé. Je n’ai pas le temps de mieux faire, ni d’en parler non plus.


Enfin, comme on la savait bonne, elle était constamment sollicitée, si bien qu’elle passait son temps à venir en aide à de moins pauvres qu’elle.

Que pouvait-elle donc leur donner ?

Hello a répondu en écrivant : « Je ne parle pas seulement de la charité qui donne ; je parle aussi de celle qui se donne. »

Mme Valmore se donnait inépuisablement. Elle semblait avoir modifié, à son usage, l’exhortation du Pater : Donnons-nous aujourd’hui comme le pain quotidien. Elle était toute à tous, à tous ceux qui venaient lui demander, « à défaut d’argent, des courses, des pleurs, des lettres et du temps ». Ce temps qu’on lui faisait perdre était son trésor à elle, le trésor des humbles. Elle disait souvent : je n’ai pas le sou ; elle ne disait jamais je n’ai pas le temps. Elle portait en soi la fortune qu’elle distribuait, et ne s’appauvrissait point d’avoir tout donné.

On la voit très bien sur une lettre, une prière, une recommandation, un signe, jetant un châle sur ses épaules et, coiffée de travers, descendant