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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Aussi Marceline écrivait-elle à son mari : « Il y a des voix dans l’air qui me crient : courage ! »

Il fallait peu de chose, en vérité, pour la réconforter. Sa félicité eût été complète si elle avait réussi à caser Valmore à Paris. Mais c’était le plus difficile. M. Thiers, oui, M. Thiers, après tant d’autres, Hugo, Sainte-Beuve, Balzac, Chateaubriand, Mme Récamier, Villemain, Salvandy, Jars, et tous les Martins du Nord, et toutes les Bouches du Rhône, « n’avait pu réaliser son bon vouloir ».

« Il est écrit, soupirait Mme Valmore, que Paris nous repoussera toujours. »

Lui, — pas elle. À peine de retour, en décembre 1840, elle fournissait sa contribution en vers à un concert au bénéfice des inondés de Lyon. Bocage lisait la poésie et Ondine la vendait dans la salle, où la guidait un garçon d’honneur inattendu là : Jules Favre, dont les Valmore avaient fait la connaissance à Lyon et qui leur était sympathique pour avoir défendu les accusés d’avril.

L’époque « ruineuse » du jour de l’an approchait.

Avec quelle terreur Marceline la voyait-elle revenir !

« C’est pour nous, écrit-elle à Pauline, un abîme qui défait toutes mes ruses pour tromper ma misère. » Elle qui a, dans sa vie, tant langui après le facteur, redoute sa visite intéressée. Car il vient pour lui, cette fois, et elle ne peut pourtant