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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Et quatre jours après :

Je ne peux aller rien revoir que ce qui est le plus près : ma rue Notre-Dame, L’église et le grand hospice où mon pauvre frère est retenu au lit par des douleurs rhumatismales.


C’est tout. Or, pour se rendre à l’église, elle devait nécessairement passer devant la maison paternelle. Et elle ne se serait pas arrêtée là, elle, elle ! Et pas un mot ne rappellerait sa visite[1] ! Aussi bien, un être cher à son cœur avait encore plus changé que la ville : son frère Félix. C’était pour lui « adoucir une transition terrible dans son mauvais sort », qu’elle venait à Douai.

En effet, grâce à la recommandation toute puissante de Martin du Nord, l’hospice municipal logeait et nourrissait le vieux soldat perclus de rhumatismes, mais resté carottier comme un conscrit.

Elle alla causer à son chevet. Le vivre et l’abri ne lui suffisaient pas. Le sou de poche pour la goutte et le tabac, qui le lui donnerait ? Et sa

  1. Autre contestation : Il paraît que la municipalité douaisienne s’est trompée en apposant une plaque commémorative sur la maison de la rue de Valenciennes portant le no 32. C’est au 36 que Marceline serait née. (Un épisode peu connu, par Louis Vérité.)

    Mais aucune preuve n’appuyant cette assertion, le doute reste permis et ma remarque subsiste : pourquoi, nulle part, Mme Valmorene fait-elle allusion à cette chère demeure que, pourtant, elle avait revue et qui, sans lui rendre absolument « le doux chaume enlierré qu’elle appelait maison », en devait avoir conservé les lignes primitives ?