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L’ÉPOUSE

Elle se courbait en marchant comme pour chercher les marches de l’escalier à peine éclairé qu’elle allait descendre. Sa robe blanche très légère et très ample m’effleura. Sa figure me parut très longue et très colorée, mais douce et calme. Il me passa quelque chose devant les yeux dans ce moment qui me saisit. Je vis l’empereur mort et le roi de Rome, également comme une ombre, qui la suivaient dans ce froid corridor et il me fut difficile de rester jusqu’à la fin de Jeanne de Naples, dont elle n’avait pu supporter peut-être le terrible dénouement.


Quelque chose, que ne dit pas Mme Valmore, contribuait sans doute à l’émouvoir : le nom de Marie-Louise était lié dans son esprit à des circonstances inoubliables. L’enfant naturel de Marceline était né à Paris le 24 juin 1810, au bruit des fêtes données en l’honneur de la nouvelle impératrice, que Napoléon ramenait de Saint Cloud. Il y avait eu réjouissances publiques et cérémonies le 10, le 14 et encore le 24, à l’heure même où Marceline mettait son fils au monde.

La rencontre de Marie-Louise à Milan et les souvenirs que celle-ci réveillait, en fallait-il davantage pour étendre sur tout le voyage de Marceline les nuages du passé ?

Mais tout cela n’explique pas — à qui le dit-on ! — la nébuleuse, l’étrange, la troublante élégie intitulée l’Âme en peine, datée aussi d’Italie et recueillie dans le volume : Pauvres Fleurs.

Mme Valmore imagine rarement ; elle raconte, quitte à obscurcir ce qu’elle a vu. Et ce que ra-