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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

faire arriver aux oreilles que comme au travers d’une ouate humide.

Mais le Dôme et les églises la ravissaient, encore que celles-ci fussent trop avenantes et d’une coquetterie qui invitait l’esprit aux évagations plutôt qu’au recueillement.

15 août. Elle note sur son carnet :

Rempart extérieur de Milan. Assomption. Promenade avec mes enfants.


C’est également ce jour-là que Mlle Mars arrive à Milan, contente de son voyage, expansive, toute de premier mouvement.

Elle était vite désenchantée. Les Valmore n’avaient pu lui louer, à prix d’or, qu’un petit logement sur le Cours, tout étant retenu d’avance pour les fêtes du couronnement. Mais, en attendant le roi, les Milanais restaient à la campagne ou bien se préoccupaient surtout de l’improvisation d’un vaste camp destiné à recevoir 12 000 hommes. Cette distraction faisait une fâcheuse concurrence aux cinq théâtres qui n’attiraient personne, sauf celui où jouait Mlle Mars, et quand elle y jouait. La plus belle salle ayant été réservée à la troupe du roi de Sardaigne, c’est dans une sorte d’écurie où l’on exerçait d’habitude les chiens et les singes savants, que l’illustre tragédienne se faisait entendre. Elle y donna cinq représentations et triompha.

Mais sous les acclamations, les fleurs et les