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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

guillemets ou le sic de rigueur, car je ne pense pas qu’elles puissent être, pour le lecteur, un sujet d’étonnement ou de dérision. Les fautes d’orthographe, les incorrections et les naïvetés de Mme Valmore ne sont pas une révélation, et si c’en était une, elle n’aurait aucun caractère humiliant. Tout ce que Marceline apprit, jusqu’à douze ans, c’est à lire, écrire et compter. Son instruction ne fut pas négligée ; elle reçut seulement celle qu’on donnait, à cette époque, aux petites bourgeoises, dans les couvents. Les Ursulines, chez qui elle allait à l’école, à Douai, lui avaient surtout montré à coudre et à confectionner de belles pelotes emblématiques, orgueil de la maison.

« Le fait est qu’elle ne savait rien, ni histoire, ni géographie, ni rien de ce qu’on apprend en pension. Elle avait acquis de l’écriture en copiant de l’imprimé et n’était pas plus instruite qu’une petite mercière de petite ville il y a un siècle. Elle ignorait ce qui s’enseigne et possédait ce qui ne s’apprend pas. » Qui a dit cela ? Son propre fils Hippolyte. Et voilà bien le signe du génie, dans l’ancienne acception du mot qui servait à indiquer une disposition naturelle éclatante et une vocation irrésistible.

Candeur de mon enfant, on va bien vous détruire !


disait Mme Valmore, en accompagnant son fils au collège.