À la première page, au crayon :
7 juillet. Samedi. Départ pour l’Italie sans mon fils.
Puis, au-dessous :
À Turin. La chanteuse de nuit si lente et si triste, disait-elle un salut à la mère qui voyage sans son fils.
Les voyageurs avaient éprouvé leurs premières contrariétés à Lyon, où ils durent s’arrêter quatre jours et où on leur vola cent francs.
« Si pauvres et si dépouillés, c’est une pitié ! » s’écrie Marceline.
Le carnet ne dit rien de cet incident. Il nous montre, en revanche, à quoi Marceline s’occupait en route. Elle faisait des vers. Elle jetait au crayon ceux-ci sur le papier :
Ah ! les arbres du moins ont du temps pour fleurir,
Pour répandre leurs fruits à la terre et mourir.
Ah ! je crains de souffrir, ma tâche est trop pressée.
Ah ! laissez-moi finir ma halte commencée.
Oh ! laissez-moi m’asseoir sur le bord du chemin,
Mes enfants à mes pieds et mon front dans ma main.
Je ne puis plus marcher.
À une autre page, on lit :
Par le vent de l’exil de partout balayée
Je vais en tournoyant où Dieu m’a dit encor
le Nord m’a renvoyée…
C’est l’ébauche du Dimanche des Rameaux