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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Mais l’album que conserve la bibliothèque de Douai n’est que la mise au net et l’amplification d’un carnet en ma possession, et qui semble, tant d’années après ! échappé des mains de Marceline au moment où elle descend de voiture. C’est sur ce carnet qu’elle a noté, jour par jour, au crayon, ses impressions…, qu’elle les a notées, partout, aux relais, à l’auberge, sur ses genoux, au trot des chevaux… ; car l’écriture tremble et saute aux cahots de la diligence, si bien que Mme Valmore, ayant peine à relire ses griffonnages, les recopie à l’encre et lisiblement, en regard, lorsqu’elle arrive à l’étape.

Il y a de tout, de la prose, des vers, des croquis, des fleurs sèches, une plume de tourterelle, des cheveux fixés sur un pain à cacheter…, tout ce qu’on trouve également entre les feuillets de la collection d’albums dont M. Rivière, bibliothécaire de Douai, a le dépôt.

De qui sont les croquis ? Ondine dessinait, mais Valmore dessinait aussi. Je penche pour Ondine et ce sont sa mère, son père et sa sœur, sans doute, qui ont posé devant elle, réunis sous la lampe. C’est ce bonnet grec dont Valmore est coiffé et avec lequel il arpentait son balcon de la rue de Tournon, à Paris ; c’est ce même bonnet que Marceline regardait comme « un ouvrage de perles et de fée ». Et les cheveux que voilà, sur quelle chère tête furent-ils coupés ? Quant aux fleurs et aux herbes mortes, elles ont été cueillies sur la route, au Mont-Cenis, à la porte de Milan,