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L’ÉPOUSE

cher du secours. Et ce sont, comme elle dit, des « nuits de voiture et de pluie », car c’est toujours en diligence qu’elle voyage. Elle y est tellement habituée que, plus tard, apprenant que l’on peut aller à Orléans autrement que par le chemin de fer, elle ne cache pas sa joie et conjure Caroline de ne jamais prendre « ce chemin brutal », si dangereux ! La diligence pourtant ne l’avait pas gâtée. Elle se rappelait, au contraire, des journées et des nuits terribles passées dans ces boîtes ou dessus, avec des paquets ou des enfants sur les genoux, les pieds gelés, l’hiver, la tête en feu, l’été. Une fois, au mois de juillet, elle était sortie comme d’un cabanon, d’une diligence qui avait secoué, toute une nuit, huit personnes à l’intérieur et quinze autres sur l’impériale, sans compter les paniers, les ballots…

« Sois tranquille, écrivait-elle à son mari, pour le retour je prendrai le coupé. »

Et c’était maintenant en Italie que la diligence allait les transporter, tous les quatre…

Oui, nous allons encore essayer un voyage.


On devine de quel pâle sourire s’éclairait ce beau vers sur les lèvres de Marceline.

Nous savons ce que fut cette tournée dramatique, par la correspondance de Mme Valmore et par le fragment d’album que M. Rivière a publié[1].

  1. Mercure de France, 16 juin 1910.