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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

faisait faire la rencontre d’un imprésario qui formait une troupe ambulante à destination de Milan, d’où, après les fêtes du couronnement de l’empereur Ferdinand, roi de Lombardie, elle devait se rendre à Gênes, Rome, Naples, etc… Sept mille francs d’appointements. Réponse immédiate.

Dissuadé par ses amis de la donner favorable, Valmore ne les écoutait pas et signait. C’était comme l’arrêté d’expulsion de toute la famille. On lui accordait quarante-huit heures pour faire ses malles, ses visites d’adieu…, après quoi elle serait conduite à la frontière.

« Nous sommes tombés dans la diligence, mon pauvre Valmore, moi et mes deux filles (Hippolyte restait à Paris) étourdis de lassitude et d’étonnement, d’un étonnement qui ressemblait beaucoup à de l’effroi. »

Avait-elle donc le pressentiment de ce qui les attendait là-bas ?

Il y a beaucoup de voyages dans la vie de Marceline, et pas un voyage d’agrément ! Quand elle ne se met pas en route pour accompagner son mari dans ses changements de résidence, le précéder ou le rejoindre, elle part pour aller voir ses enfants en nourrice ou en pension, ses sœurs et son frère malades… ; elle part pour aller demander asile à l’amitié de Caroline ; elle part pour cher-