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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Souvent même, les mots : Dieu, Seigneur, âme, foi, qui parsèment ses vers, ne sont pour elle qu’un stimulant poétique ou l’expédient nécessaire tantôt à la mesure et tantôt à la rime. Et malgré tout cela, cette proche parente de Lamartine et cette avant-courrière de Verlaine a imprégné d’un sentiment religieux profond d’aussi beaux vers que les plus beaux vers de ces deux poètes réputés catholiques. Elle fait sa partie dans leur divin concert. La harpe d’or qui vibre aux doigts de Lamartine, elle enjoué aussi bien que lui, quand elle joue Renoncement, la Couronne effeuillée, ou qu’elle soupire :

  Je vais au désert plein d’eaux vives
  Laver les ailes de mon cœur,
  Car je sais qu’il est d’autres rives
  Pour ceux qui vous cherchent, Seigneur !
  Laissez-moi passer, je suis mère !
.........................
Seigneur ! Qui n’a cherché votre amour dans l’amour !

Et l’on comprend qu’elle soit chère à Verlaine, car il a hérité de sa viole d’amour.

  Sonnez, cloches ruisselantes,
  Ruisselez, larmes brûlantes,
  Cloches qui pleurez le jour,
  Beaux yeux qui pleurez l’amour !
....................
  Église ! église ! ouvrez vos portes
  Et vos chaînes douces et fortes
  Aux élancements de mon cœur,
  Qui frappe à la grille du chœur !