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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Dieu l’a vu. Dieu cueillait comme des fleurs froissées
Les Femmes, les enfants qui s’envolaient aux cieux.
Les hommes… les voilà dans le sang jusqu’aux yeux.
L’air n’a pu balayer tant d’âmes courroucées.
....................
Prenons nos rubans noirs, pleurons toutes nos larmes ;
On nous a défendu d’emporter nos meurtris :
Ils n’ont fait qu’un monceau de leurs pâles débris :
Dieu ! bénissez-les tous, ils étaient tous sans armes !


Le prêtre est là, marquant le prix des funérailles…

Il n’y a pas, dans toute son œuvre, d’autre signe d’emportement contre les gens d’église. D’habitude, ils lui sont indifférents. Ils ne se glissent pas entre elle et Dieu[1].

Fille du Sermon sur la montagne, dit Sainte-Beuve, elle allait prier dans les églises à l’heure où elles étaient désertes. Elle y faisait allumer un cierge et s’agenouillait devant. Elle dispensait de formalités à remplir, de sacrements à recevoir, le juste à ses derniers moments, et détestait la dévotion qui opprime l’agonie de l’innocent et lui signifie sa condamnation.

Elle scandalisait Vinet, littérateur vaudois et protestant renforcé, en mêlant, dans ses effusions, le sacré au profane.

Le fait est qu’elle élève toutes ses amours à la

  1. En voyant refuser l’accès de Notre-Dame de Rouen au cercueil de la Duversin, elle se borne à dire, par antiphrase : « Il n’y avait plus là sans doute que des êtres bons, charitables au prochain… »