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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

sât provisoirement à la Porte-Saint-Martin, dirigée par Harel.

Et ce n’était pas fini. À peine venaient-ils de s’installer, 12, rue de Lancry, que le père de Valmore y mourait, âgé de 75 ans.

Valmore songeait à quitter le théâtre. Il ne quittait que la Porte-Saint-Martin et pour retourner à Lyon, vers la fin de l’année, à Lyon où il préféra s’ancrer, plutôt que de ravaler son talent aux seconds rôles à la Comédie-Française, dont l’insistance de ses amis et de sa femme, restée à Paris, avait réussi à forcer la porte.

Marceline souhaitait ardemment le retour de son mari ; mais quand elle devina l’offre humiliante du baron de Taylor, l’héroïque épouse, elle, n’hésita plus.

« Je n’accepte pas, écrivait-elle, le nouveau sacrifice que tu n’acceptes, toi, je le sens, qu’au prix de l’immolation de tous tes goûts. Ne viens pas aux Français, noyé d’avance dans cette amertume qui, chez l’homme, ne fait que s’accroître. Restons en province ; c’est déjà quelque chose que d’avoir 4 000 francs d’assurés. C’est tout ce que tu aurais aux Français, moins l’honneur d’un premier emploi pour lequel je sais tout ce qu’un talent déplacé et dans un faux jour peut perdre. »

Et elle courut le rejoindre à Lyon.

Comme elle n’eut jamais de chance, elle y arrivait pour assister à la répétition amplifiée des troubles de novembre 1831 : l’insurrection ouvrière d’avril 1834. On sait que ce fut affreux. Les sédi-