Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
X
AVANT-PROPOS

Il mérite surtout de nous remémorer les vers du beau sonnet de la Boétie :

Je dis ce que mon cœur, ce que mon mal me dit :
Que celui aime peu qui aime à la mesure !

Au résumé, elle n’a pas de goût, pas de retenue, pas d’instruction, pas d’esprit, pas d’élégance… alors, qu’est-ce qu’elle a ?

Elle a tout le reste.

Rien d’un bas bleu, certes. Convenons plutôt qu’elle n’a pas de bas du tout, qu’elle est, dans la littérature contemporaine, une va-nu-pieds. Il faut la prendre et l’aimer telle quelle. Il faut surtout l’aimer dans sa vie fiévreuse et malaisée.

C’est pourquoi, dût-on me reprocher de laïciser l’hagiographie — et quand cela serait ? — je me dispenserai premièrement de tout examen touchant le talent de Mme Valmore, d’accord en cela avec Shérer qui a tranché : « Son génie poétique ne se discute pas, il se sent. »

— Alors, m’a demandé quelqu’un, que direz-vous de nouveau ?

Ceci. Les recherches faites pour démasquer le séducteur de Marceline étant demeurées infructueuses, je ne vois pas, quant à moi, l’utilité de les poursuivre. Non pas que je réclame le bénéfice du doute pour une femme qui a écrit et signé ses aveux. Si je connaissais le nom dont on s’enquiert comme d’une nécessité, je le dirais… mais je ne le sais pas, nul ne le sait positivement et sa