Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/177

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
155
L’ÉPOUSE

On voit renaître sous tes doigts
La Muse dont Lesbos s’honore ;
Et chaque son de ton luth, de la voix,
Nous dit : Sapho respire encore[1] !

Quelque temps après, Mme Valmore retombait « au milieu des malles, des rideaux défaits, des manteaux de voyage, de tout cet affreux nu qui précède un départ ». L’hirondelle, encore une fois, changeait de tuile, d’abri. Et, le 28 avril 1832, elle arrivait « avec tout son monde » à Rouen, après un arrêt à Paris désolé, depuis un mois, par le choléra.

Valmore, effrayé, avait voulu partir seul, sauf, pour sa femme et ses enfants, à venir le rejoindre tout danger écarté. Mais elle n’entendait pas de cette oreille-là. Quel voyage ! Elle s’en souvenait encore trois ans après.

« Je lui ai dit (à son mari) que j’irais à pied s’il ne voulait pas retenir une place pour moi en voiture… Tout le monde en route nous croyait fous. J’avais les cheveux blancs en arrivant chez ma sœur, parmi tous ces convois… »

Car le fléau avait étendu ses ravages à la Normandie.

Valmore agréé parle public rouennais, la tranquillité revenue un peu, Marceline en profitait,

  1. Chansonnier des Grâces, 1822. Chez F. Louis, le premier éditeur de Mme Valmore.