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L’ÉPOUSE

d’habit pour Othello ; qu’il avait été destiné, dès son enfance, « à continuer la carrière dans laquelle son père s’était distingué » ; qu’il devait « l’honorer comme lui de ses talents utiles » ; qu’il était « l’interprète des passions violentes » ; enfin, « qu’on le prenait pour un saint », « tellement son caractère était plein de charité ».

Valmore avait, je présume, une prédilection pour ce roman de sa femme. Il menait, à la vérité, une existence bourgeoise et la collection de costumes de théâtre qu’il avait formée, est conservée au Musée de Douai où l’on peut la voir.

Sainte-Beuve observe avec raison que Mme Valmore resta toujours étrangère à la politique, mais qu’elle était irrésistiblement du côté du peuple et des peuples.

C’est pour cela que la Révolution de 1830 fit bondir son cœur libéral.

« Lyon est plein de courage, d’harmonie et de joie, écrivait-elle à l’unisson. Tout s’est levé, tout a pris les armes. Le peuple ouvrier, le bourgeois, le riche marchand, les théâtres, les voisins des faubourgs, tout est garde national. Pas une tache de sang, pas un malheur à déplorer. La même pensée anime cent mille âmes. »

Elle en oubliait la maladie de ses enfants, scarlatine et petite vérole, l’exil de Valmore et le tort que faisaient aux planches les spectacles du pavé.

Mais, l’année suivante, les deux théâtres fermaient leurs portes, le nouveau gouvernement ne continuait pas la pension que l’ancien faisait à