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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

En attendant, il était pour ses amis tout feu tout flamme. Il donnait des conseils à Marceline et tentait de faire engager son mari à la Comédie-Française. En vain. « On ne peut pas entrer de force, soupirait la pauvre femme en sa candeur. Le directeur a dit que ce n’était pas possible et l’on fait la grimace à ceux qui entrent par l’appui des autorités. »

Ce n’était point, d’ailleurs, son seul échec. Elle en essuyait un autre, aussi cruel à son cœur, en cherchant inutilement à faire admettre aux Invalides son frère Félix. Elle lui envoyait vingt francs par mois et déclarait que le sort du malheureux était pour elle, depuis quinze ans, une plaie secrète. Lyon en était une autre. Le ménage ne se résignait pas à brouter où la nécessité l’attachait. Il y a, dans l’Atelier d’un peintre, le personnage épisodique d’un acteur nommé Dufar, que l’auteur semble y avoir introduit uniquement pour lui prêter les traits chéris de Valmore et ses doléances… ou celles de son père qui avait parcouru avant lui les provinces.

Dufar, tragédien et directeur de troupe, se plaint des villes de troisième ordre qui vendent un prix exorbitant aux comédiens le droit de déclamer les chefs-d’œuvre et réduisent l’artiste au salaire du plus médiocre ouvrier.

Mais la bonne Marceline avait voulu que Valmore fût reconnaissable à ceci surtout que, les soirs de relâche, tandis que sa petite famille allait prendre l’air, il dessinait un nouveau patron