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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

lets » élevée sur les ruines d’une autre abbaye, celle de Saint-Germain. C’était, 9, rue Childebert, ce rendez-vous des écoles vagissantes que Privat d’Anglemont a décrit dans son Paris Anecdote. Habitée depuis 1795 par les Lettres et les Arts réunis, la Childebert, voisine de la place Saint-Germain-des-Prés, avait donné successivement asile à Boilly, Claudion le Jeune, Debucourt, aux élèves de David, puis, sous la Restauration, à Géricault, à Paul Delaroche et à leurs disciples. Vers 1822, aux premiers feux du romantisme levant, Constant Desbordes se trouvait déjà dépaysé au milieu des nouveaux venus, les Johannot, les Devéria, Nanteuil et tant d’autres qui, bafouant ensemble les Romains, les Grecs et les perruques des dix-septième et dix-huitième siècles, ne juraient que par Ivanhoé et Quentin Durward. L’oncle Desbordes assistait vivant à la mort dérisoire de ce qu’il avait aimé, et l’on peut penser qu’il ne prenait pas philosophiquement son parti de cette révolution artistique. Sa nièce s’efforçait de le désaigrir, de le consoler. Tantôt elle l’appelle à Lyon ; tantôt elle l’invite à venir à Bordeaux, avec une insistance affectueuse et un reste de crainte.

Seul de toute la famille, en effet, et se singularisant par là, lui, l’artiste ! l’oncle Constant avait longtemps tenu rigueur à Marceline de son faux pas. Il fallait même que celle-ci ne fût pas sûre qu’il l’eût oublié encore, pour lui écrire, en 1826 — dix-huit ans après ! —