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L’ÉPOUSE

qu’à la mort. La source de leurs inspirations était la même.

« Ces mélodies, que leur interprète, Adolphe Nourrit, a rendues populaires, je les ai composées avec mes larmes », disait Pauline au critique musical Scudo.

Car elle aussi avait souffert d’un infidèle et d’un ingrat. Son mari, dont elle était séparée ? Non. Mais Auber, rencontré par elle avant que des revers de fortune l’eussent poussé dans la carrière musicale. Riche, belle, élégante, adulée, Pauline, de son côté, ne prévoyait pas non plus qu’un art d’agrément, auquel elle ne demandait que des succès mondains, dût un jour la faire vivre — mal.

Ce jour vint, et le réveil fut cruel à l’auteur de tant d’harmonieux soupirs !

Pauline, cependant, ne s’avoua jamais vaincue. Surannée, malheureuse, indigente presque, elle ne consentit jamais à vieillir. À plus de soixante-quinze ans, elle minaudait encore pour en paraître moins de soixante. Elle demeura jusqu’à la fin le colombier en ruine dans lequel roucoule une tourterelle à qui, d’une autre cage, un chant pareil répond.

Je n’ouvre pas sans émotion, je le confesse, le « Recueil de romances à Madame Desbordes-Valmore », que je possède et qui contient, avec accompagnement de guitare, les gargarismes à la mode sous l’ancien régime, le premier Empire et la Restauration. Ce recueil est manuscrit. Mais quelle