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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

travers les jugements bien troublés de ta maman. Je respecte les vertus réelles qu’elle avait, mais elle nous a été bien cruelle sans le vouloir méchamment.

Il suffit, et de cette mère qui avait vécu pendant quelque temps avec le jeune ménage, M. Rivière dit avec raison qu’elle laissa, « avant de mourir, au fils que pourtant elle aimait, les souffrances et les tortures du doute ».

Bref, la belle-mère dans toute son acrimonie.

La révélation n’est pas inutile. Elle confirme dans cette opinion, que Valmore n’épousa pas Marceline sans être entièrement au fait de son passé. Il eût été, d’ailleurs, bien difficile à celle-ci de le cacher. C’était, au théâtre, le secret de Polichinelle, et Valmore dut le connaître dès qu’on remarqua ses assiduités auprès de Marceline. Il était beau ; sa préférence marquée à la jeune première devait faire des envieuses… Elles ne lui laissèrent pas longtemps ignorer que sa conquête avait perdu, l’année précédente, un petit garçon. Aussi lorsque Marceline voulut, en toute franchise, l’avertir, il put, d’un geste généreux, lui fermer la bouche, en disant : « Taisez-vous… Ce que vous allez m’apprendre, je le sais. »

Et sa mère aussi le savait Comme elle avait rêvé pour son Prosper un parti plus avantageux, on pense bien qu’elle fit état d’une faute notoire pour détourner Valmore de son projet. De n’y avoir pas réussi, elle demeura mortifiée.

Quant à lui, s’il fut jugulé, plus tard, par une