meront-ils ? Oh ! demandez-leur de m’aimer, de commencer à présent pour ne jamais finir.
M’aimeront-ils ? Elle a l’air d’en douter et, de fait, sa belle-mère l’accueillit d’assez mauvaise grâce. Vingt-trois ans plus tard, Marceline, rappelant à son mari les circonstances de leur mariage, lui écrivait (27 août 1840) :
Cette union était marquée au ciel, voulue par ton père et nos amis que je remercie encore de m’avoir choisie, car je t’aimais tant !
De sa belle-mère, pas un mot ; mais huit ans auparavant (18 novembre 1832), elle s’en était expliquée, une fois pour toutes, avec Valmore.
Ta lettre… m’a reportée à des temps de torture et de malheur qu’il ne faut pas réveiller puisque j’ai pu y survivre… Tiens, je te le dis, on vit en aveugle dans ce monde et, à côté l’un de l’autre, on ne s’entend pas. La pensée est donc bien voilée chez moi, mon ami. Moi, si vraie, j’ose dire si naïve pour tous les autres, c’est toi qui me redoutais ! quand j’avais le cœur martyrisé… Pourquoi dis-tu que je n’aime pas les correspondances dans l’intimité ? Peux-tu trouver le moindre rapprochement dans l’égarement solennel de deux êtres qui ont voulu s’unir et s’aimer et se rendre heureux, avec les tracasseries jalouses d’une mère aigrie par de petites prétentions d’autorité menacée ! Ah ! Prosper, qu’il y a de tristesse dans la découverte des causes qui nous ont fait verser tant de larmes ! N’en doute pas, mon ami, c’est à ces premières sources que tu as puisé, à ton insu, mille vagues préjugés contre moi ; tu m’a vue souvent à