Page:Descaves - La Vie douloureuse de Marceline Desbordes Valmore.djvu/140

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
118
MARCELINE DESBORDES-VALMORE

Inconstance, affreux sentiment,
Je t’implorais, je te déteste.
Si d’un nouvel amour tu me fais un tourment.
N’est-ce pas ajouter au tourment qui me reste ?
Pour me venger d’un cruel abandon.
Offre un autre secours à ma fierté confuse ;
Tu flattes mon orgueil, tu séduis ma raison ;
Mais mon cœur est plus tendre, il échappe à ta ruse.
Oui, prête à m’engager en de nouveaux liens,
Je tremble d’être heureuse et je verse des larmes ;
Oui, je sens que mes pleurs avaient pour moi des charmes
Et que mes maux étaient mes biens !
...................
Comme un rêve mélancolique,
Le souvenir de mes amours
Trouble mes nuits, voile mes jours…
… En vain, à mes genoux
Tu promets d’enchaîner un amant plus aimable,
Ce cœur blessé dont l’amour est jaloux
Donne un regret, un soupir au coupable.
Qu’il m’était cher ! que je l’aimais !…
Ah ! je devais l’aimer toute ma vie
Ou ne le voir jamais !…
… Mon cœur fut créé pour n’aimer qu’une fois !

Cependant, elle continuait d’écrire, en prose, au soupirant qui la pressait :

Votre mère sera donc la mienne ! Votre père va donc remplacer celui que je pleure encore[1]… Mais moi, m’ai-

  1. Félix Desbordes était mort, cette même année 1817, inspecteur des prisons à Douai.