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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

la seconde. Il n’évite point, en tout cas, la contagion du poncif. Rivé à une lyre d’appui, il est moins un portrait qu’une enseigne. Et je n’accorde pas une confiance beaucoup plus grande au médaillon de Carl Elshoecht, que M. Dorchain a découvert récemment, dans le bric-à-brac d’une arrière-boutique. Observons, en outre, que Mme Valmore, à l’époque où Elshoecht modela ses traits, avait 57 ans[1].

Elle en avait quarante-six lorsqu’elle posa devant David d’Angers, et c’est à peu près dans le même temps que deux dessinateurs passables mais véridiques, Raugé et Langlois, la crayonnèrent au vif. Ils ne la flattent pas, certes… ; mais ils n’ont pas non plus de parti pris, et c’est déjà une condition de sécurité assez rare.

David d’Angers seul, somme toute, réalise cette exactitude passionnée qui est la perfection de l’art. Son beau médaillon d’une ligne si pure, jugé ressemblant par Jacques Arago, qui n’était pas encore aveugle, désappointa pourtant Mme Valmore. Elle s’y trouvait « d’un laid aux larmes ». Elle veut dire laide à pleurer. Mais David ayant déclaré qu’elle lui rappelait « les filles des bardes de Girodet », elle dut être un peu consolée, car elle admirait ce peintre sur la foi de l’oncle Desbordes, qui le regardait comme un maître de la forme et du coloris.

  1. Carl Elshoecht, né à Dunkerque en 1797, mort en 1856, fit également, en 1839, les médaillons — introuvables ceux-là — d’Ondine et d’Inès.