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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

a dit des femmes qu’elles pleurent toutes quand elles veulent. Marceline n’avait pas même besoin de vouloir : le personnage, la situation, lui faisaient venir, sans effort, les larmes aux yeux. Et, non seulement le soir, aux lumières, devant le public, mais, j’en suis sûr, aux répétitions également.

Je la vois très bien pleurant, à l’écart, dans un coin de la scène obscure, sur le banc figurant le pan coupé du décor ; pleurant tout bas, en attendant son entrée ; pleurant en pensant à son enfant, à son père, à son frère, à ses sœurs, à l’Autre…

Un front soucieux, un regard humide, ce qui reste dans l’air d’un orage d’été, avaient intrigué Valmore avant de l’émouvoir ou de le séduire.

Car, il est temps de le dire, belle, Marceline ne le fut probablement jamais. Il est vrai que les portraits d’elle que l’on connaît sont tous, sauf un ou deux, postérieurs à son mariage.

Encore semble-t-elle n’avoir complu qu’à David d’Angers.

« J’ai eu trop à coudre et à soigner les miens, écrit-elle quelque part, pour poser comme l’exigent les faiseurs de portraits. »

Cependant, elle nous apprend dans l’Atelier d’un peintre, que son oncle Constant la peignit, à l’âge où elle était « haute comme sa boîte à couleurs ». Il l’avait représentée assise sur une petite chaise et tenant dans ses bras sa poupée, à laquelle elle faisait manger des gâteaux.