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MARCELINE DESBORDES-VALMORE

que le fils de la reine[1], qui est tombé au sort avant-hier 20 mars. »

Mme Valmore était induite en erreur. Valmore, qui avait obtenu son ordre de début aux Français le 12 février 1812, y parut sur la scène pour la première fois, le 28 avril suivant. Or, les combats de Krasnoé où fut tué le général de Lanchantin, se succèdent du 16 au 18 novembre 1812. C’est donc avant et non après la mort de son oncle, que le jeune comédien aurait changé de nom et — beaucoup plus plausiblement — pour ménager la susceptibilité du baron de l’Empire, dont il pouvait avoir besoin.

La belle prestance de Valmore lui avait valu la protection de Mlle Raucourt. Grâce à elle, il échappa à la conscription, mais il ne profita guère de cet avantage et faillit même le payer de sa vie. Comme il jouait, dans un nuage, le 2 mai 1813, l’Amphytrion, de Molière (rôle de Jupiter), la rupture d’un câble le précipita du cintre sur la scène. On le releva meurtri. Il en fut quitte, heureusement, pour une incapacité de tragédie de quelques mois. Mais le Théâtre-Français, patron comme un autre, ne lui ayant pas conservé son emploi, il dut chercher ailleurs. Et il venait de Nantes lorsque la direction de la Monnaie, au mois d’avril 1817, l’engagea. Marceline faisait partie de la troupe depuis dix-huit mois et pleurait son fils depuis un an.

  1. Charles-Louis-Philippe-Emmanuel, duc de Penthièvre.