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L’ÉPOUSE

pour ma pauvre Eugénie, pour mon oncle et mon père, voilà ce qu’il me faudrait[1].

Elle ne réclamait rien pour elle et n’envisageait pas, certainement, l’adoucissement qu’allait apporter à sa peine l’événement le plus inattendu.

La même année, elle épousait à Bruxelles un de ses camarades à qui elle donnait, chaque soir, la réplique : François-Prosper Lanchantin, dont le nom de théâtre était Valmore.

Il avait vingt-quatre ans ; elle en avait trente et un.

Fils d’un vieil acteur qui gagnait encore sa vie en province, Valmore reluisait d’une autre parenté.

L’année où son fils tira au sort (1841), Mme Valmore écrivait à son ami A. de Latour[2] :

Mon fils est conscrit sous son vrai nom de Lanchantin, neveu du général baron de Lanchantin, tué à Krasnoé d’un boulet de canon. Son neveu a pris le nom de Valmore lors de ses débuts à la Comédie-Française, après la mort de son oncle qui emportait avec lui tout son avenir. Le nom de Valmore n’a pas été appelé au tirage. C’est le jeune Lanchantin, né dans la même nuit

  1. Sur l’album dédié à Pauline (Bibliothèque de Douai) on lit :

    Le séducteur
    Palpitant autour de sa proie
    Couronné d’encens et de joie,
    Ivre d’espérance et d’orgueil
    Détournant les yeux d’un cercueil,
    Il passe…

    C’est à la page précédente qu’elle a écrit :

    Rome où ses jeunes pas ont erré, belle Rome !

  2. Lettre inédite communiquée par M. Guimbaud.