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LA JEUNE FILLE

Il n’est point indispensable, on le voit, de connaître le nom de l’Autre, pour raconter les années de jeunesse de Marceline. Qu’il s’appelle Saint-Marcellin, comte de Marcellus, Dupuy des Islets, Audibert[1], Thabaud de Latouche ou, sous la plume de Marceline, Olivier ou Julien, tout simplement, qu’importe ? C’est l’Absent, l’Infidèle, l’Ingrat, le Perfide, l’Inhumain, le Cruel, l’Amant, enfin, pareil à ces malfaiteurs qui ont tout intérêt à être condamnés sous un nom d’emprunt, puisqu’ils récidiveront.

  1. Audibert (Hilarion), né à Marseille en 1786 et par conséquent du même âge que Mme Valmore, est l’auteur de vers insignifiants, de Souvenirs de théâtre et d’une petite nouvelle à laquelle un billet de Marceline semble se rapporter.
    M. J. Boulenger, présentant impartialement les raisons que l’on peut avoir de s’attacher à cette piste, a omis un rapprochement susceptible pourtant de le confirmer dans son opinion.
    L’Almanach des Muses pour 1809 contient trois pièces d’Audibert : un madrigal, un impromptu et une cantate, Psyché, non mentionnée par M. Boulenger.
    C’est là que Psyché, réduite, pour ressaisir l’amant qui lui échappe, à importuner son sommeil, s’exprime ainsi :

    Oublions, s’il se peut, un ingrat qui m’évite ;
    Je le veux. Mais, hélas ! je verse encor des pleurs !
    Suivons de mes deux sœurs le conseil salutaire ;
    Profitons de l’instant qu’il accorde au repos…