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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

cile) ; Une journée d’Ermenonville (Adeline) ; Misanthropie et repentir (Eulalie) ; Clémence et Valdemar ou le Peintre par amour, de Pelletier-Volméranges ; la Coquette fixée, de Voisenon ; Eveline, de Rigaud ; le Vieillard et les Jeunes Gens, où elle jouait un petit jeune homme ; dans un drame : le Déserteur (rôle de Clary) et une comédie : l’Habitant de la Guadeloupe, de Mercier.

Le titre seul de ce dernier ouvrage pouvait rappeler à Marceline de douloureux souvenirs, car l’invention de Mercier est sans analogie avec le voyage de Mme Desbordes et de sa fille à la Guadeloupe. Il s’agit d’un jeune Français qui est allé racheter des écarts de jeunesse en Amérique, où il a fait fortune. Revenu en France, il s’avise d’un stratagème banal pour éprouver la vertu de sa famille, qu’il n’a pas vue depuis vingt ans et qui est composée d’un financier et de sa femme, cœurs secs, d’une jeune veuve et de ses enfants, cœurs purs. Il feint d’être ruiné et leur demande tour à tour assistance. Naturellement, le ménage opulent l’éconduit sans pitié, et la veuve, modeste et compatissante, se déclare prête à s’employer pour lui. C’est donc elle qui sera son unique héritière. Il l’épouse et se venge des parents inhumains en les obligeant à signer au contrat.

Que Marceline était touchante dans le rôle de Mme Milville, l’honnête veuve ! Quel air pudique elle avait dans les atours de son emploi : robe de mousseline blanche, ceinture de ruban ponceau et