Après qu’il l’eut quittée, fin de 1810 ou commencement de l’année suivante, elle disparut.
Où alla-t-elle ? Conjectures. On n’a pour les étayer que quatre vers du Retour chez Délie :
Trois étés de ces bois ont embaumé l’ombrage,
Depuis que, m’exilant sur des rives sans fleurs.
Je l’emportai que le triste courage,
En pleurant, de cacher mes pleurs.
Que veut-elle dire ? Qu’elle s’éloigna de Paris. Cela n’est pas douteux[1]. Mais sur quelles rives sans fleurs passa-t-elle trois ans, de 1810 à 1813 ? Mystère. Une lettre d’elle adressée à son frère et datée de Rouen, 24 décembre 1811, ne me paraît pas décisive. Elle a appris que Félix Desbordes est prisonnier en Écosse et elle lui donne des nouvelles de la famille.
Papa se porte très bien : il est depuis un an chez Eugénie, dont le mari est établi aux Andelys contremaître dans une filature. Eugénie a une jolie petite fille de deux ans. Cette pauvre Eugénie ! que de fois nous avons parlé de toi ensemble ! Je leur ai annoncé ta lettre aussitôt qu’elle m’est arrivée ; J’ai également écrit à mon oncle Constant qui doit venir me voir. Je ne doute pas qu’il ne joigne à ce que je dois t’envoyer, le peu que ses moyens lui permettront, car il n’est pas heureux, mon cher Félix, et son beau talent lui vaut plus de gloire que de fortune.
- ↑ Pierre Hédouin (Mosaïque, 1 v. 1856) ne se trompe-t-il pas quand il fait remonter à son second voyage à Paris, en 1811, la rencontre de Mlle Desbordes chez Grétry ? C’est plutôt en 1808 qu’il l’y aurait vue, lorsqu’elle cherchait un engagement, à son retour de Bruxelles. La distance à laquelle il écrivit son article — 1829 — rend possible la confusion de dates.