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LA JEUNE FILLE

la première fois de sa vie : « Comment suis-je, moi ? Suis-je laide, dans ma robe de mousseline bleue coupée à la Vierge et sans élégance ? »

Car elle n’a jamais été coquette et sans doute elle eut tort, puisque Yorick la délaisse, et pour qui ?

La plus dangereuse, la plus froide, la plus habile personne ! Une expérience de cent ans sous les grâces dr dix-huit. Voilà deux ans qu’elle le traîne à ce qu’elles appellent leur char, ces déités du heau monde ; et lui, avec sa candeur, sa droiture, sa passion d’ange, il a cru des yeux de bals, des émotions de walse, des bouquets échangés comme par distraction ; il les a poursuivis jusqu’en Italie[1]

J’incline à penser que cet épisode en prose complète le détail que les vers ont donné. Après avoir prétendu que son père intraitable lui ordonnait de voyager, l’amant de Marceline aurait suivi en Italie (il y alla réellement) la « déesse à la mode », que l’auteur de l’Atelier d’un peintre évoquait, vingt ans après, avec une virulence qui surprend chez elle, en général miséricordieuse.

Quoiqu’il en soit, il part… Que dis-je ? Il est parti… parti après une querelle plus vive que les

  1. Rome, où ses jeunes pas ont erré, Belle Rome !

    . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

    Rome, dis seulement où le mortel que j’aime

    Arrête de ses yeux les regards enchanteurs,
    Que l’écho tressaillit de ses accents flatteurs,
    Quelle belle lui plût, moins belle que lui-même !

    (Album à Pauline, Bibliothèque de Douai).