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MARCELINES DESBORDES-VALMORE

Ce n’est plus pour moi qu’il délire ;
Il a banni mon nom de ses écrits touchants…
Et, doucement pressé sur le cœur qui l’adore
Je l’entends murmurer des vers.

Un rêve encore : elle voit, dans une fête « … d’un groupe heureux se balancer l’image ».

J’ai contemplé longtemps ma mort dans leur bonheur.
J’ai dormi, je m’éveille et ma fièvre est calmée
Sommeil, affreux miroir ! Je reprends mon bandeau.
Voici l’aurore enfin ! Lentement ranimée.
Je vais, d’un jour encore, essayer le fardeau.

Mais, bientôt, le doute n’est plus possible ; l’infidélité de son amant éclate à ses oreilles.

C’est qu’ils parlaient de toi, quand, loin du cercle assise,
Mon livre trop pesant tomba sur mes genoux ;
C’est qu’ils me regardaient, quand mon âme indécise
Osa braver ton nom qui passait entre nous.
Et puis leurs voix riaient, j’ai pu rester sans crainte.
On disait ton bonheur et tes belles amours,
À mon livre fermé, moi, je lisais toujours,
Car sur mon front baissé toute une âme était peinte !

Que l’on veuille bien, à présent, rapprocher ces fragments des lignes suivantes extraites de l’Atelier d’un peintre. L’héroïne, Ondine, est éprise d’un jeune peintre du nom d’Yorick. Il s’amourache « d’une déesse à la mode ». En apprenant cela, Ondine (c’est Marceline changée en massière de l’atelier de son oncle) se demande un jour et pour