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taine d’années, grand, robuste, mais remarquable surtout par sa barbe qu’il portait en collier, ainsi qu’un vieux loup de mer, et par le lainage d’une chevelure poivre et sel, qui lui permettait de sortir, été comme hiver, sans aucune coiffure. Une certaine finesse de dessin corrigeait l’épaisseur de sa lèvre toujours rasée de frais, comme pour faire valoir, par contraste, des sourcils en fagots d’épines, qui ne parvenaient point à donner le change sur la bonté foncière que les yeux décelaient.

Il demeurait avenue d’Orléans, en face de l’église de Montrouge, et passait pour riche. Il n’avait pas de famille, ne recevait jamais de visites et se confinait dans la compagnie d’une vieille gouvernante que son humeur acariâtre défendait, autant que sa sur-