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tort à la verité en la supposant moins certaine qu’elle n’est je distingueray ici deux sortes de certitudes. La première est apelée morale c’est à dire suffisante pour regler nos mœurs, ou aussi grande que celle des choses dont nous n’avons point coutume de douter touchant la conduite de la vie, bien que nous sçachions qu’il se peut faire, absolument parlant, qu’elles soient fausses. Ainsi ceux qui n'ont jamais esté à Rome ne doutent point que ce ne soit une ville en Italie , bien qu’il se pourroit faire que tous ceux desquels ils l’ont appris les ayent trompez. Et si quelqu'un pour deviner un chifre écrit avec leš lettres ordinaires s'avise de lire un B par tout où il y aura un A, & de lire un C par tout où il y aura un B, et ainsi de substituer en la place de chaque lettre celle qui la suit en l’ordre de l’alphabet , & que le lisant en cette façon il y trouve des paroles qui ayent du sens, il ne doutera point que ce ne soit le vray sens de ce chiffre qu’il aura ainsi trouvé, bien qu'il se pourroit faire que celuy qui la écrit y en ait mis un autre tout different en donnant une autre signification à chaque lettre : car cela peut si difficilement arriver, principalement lorsque le chiffre contient beaucoup de mots, qu'il n'est pas moralement croyable. Or si on considere combien de diverses proprietez de l'aymant du feu