Page:Descartes - Les Principes de la philosophie, éd. 1647.djvu/549

Cette page n’a pas encore été corrigée

turel qu'il est à un arbre de produire ses fruits ; c'est pourquoy en mesme façon qu'un horologier en voyant une montre qu'il n'a point faite peut ordinairement juger de quelques unes de ses parties qu'il regarde qu'elles sont toutes les autres qu'il ne voit pas, ainsi en considérant les effets & les parties sensibles des corps naturels j'ay tasché de connoistre qu'elles doivent estre celles de leurs parties qui sont insensibles.

CCIV - Que touchant les choses que nos sens n'aperçoivent point, il suffit d'expliquer comment elles peuvent estre ; Et que c'est tout ce qu'Aristote a tasché de faire.

On repliquera encore à cecy, que bien que j'aye peut-estre imaginé des causes qui pourroient produire des effets semblables à ceux que nous voyons, nous ne devons pas pour cela conclure que ceux que nous voyons sont produits par elles : Pource que comme un horologier industrieux peut faire deux montres qui marquent les heures en mesme façon, & entre lesquelles il n'y ait aucune difference en ce qui paroist à l'extérieur, qui n'ayent toutefois rien de semblable en la composition de leurs rouës: Ainsi il est certain que Dieu à une infinité de divers moyens par chacun desquels il peut avoir fait que toutes les choses de ce monde paroissent telles que maintenant elles paroissent, sans qu'il soit possible à l'esprit humain de connoistre lequel de tous ces moyens il a voulu employer à les faire. Ce que je ne fais aucune difficulté d'accorder : Et je croiray avoir assez