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je ne la rapporte qu’à l’ame. Je dis auſſi qu’elle n’eſt jamais ſans triſteſſe, à cauſe que le mal n’étant qu’une privation, il ne peut eſtre conçu ſans quelque ſujet réel dans lequel il ſoyt ; & il n’y a rien de réel qui n’ait en ſoy quelque bonté, de façon que la haine qui nous éloigne de quelque mal nous éloigne par meſme moyen du bien auquel il eſt joint, & la privation de ce bien, étant repréſentée à noſtre ame comme un défaut qui luy appartient, excite en elle la triſteſſe. Par exemple, la haine qui nous éloigne des mauvaiſes mœurs de quelqu’un nous éloigne par meſme moyen de ſa converſation, en laquelle nous pourrions ſans cela trouver quelque bien duquel nous ſommes fachez d’eſtre privez. Et ainſi en toutes les autres haines on peut remarquer quelque ſujet de triſteſſe.

Art. 141. Du déſir, de la joie & de la triſteſſe.

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